Mon itinéraire est simple à force d’être complexe.
Enfance à Thuir, ma famille d’artisans était axée sur la musique catalane.
Mon frère aîné, chef de “Cobla” m’avait destiné à devenir un “Joglar”, c’est à dire :
membre de la Coble des Combo-Gili. Je devais jouer de la basse à cordes et d’un cuivre. Un de mes frère, me donnait des cours de solfège et de violoncelle.
Tout gamin, mon père me faisait travailler dans ses chantiers.
Ce travail était incompatible avec le violoncelle : il abîmait les doigts.
Parallèlement, je commençais à tailler, sur les chantiers de mon père, des blocs de ciment.
Mon neveu, qui était aussi mon aîné de cinq ans et premier violon au Capitole à Toulouse, François Gili trouva mes premières sculptures très intéressantes et me promit de me faire rencontrer le sculpteur Gustave Violet.
Louis Noguere, Maire de Thuir et Président de la Haute Cour de Justice de Paris Photographié en 1930. cette même année il commande à Marcel Gili, alors âgé de 16 ans, son buste.
C’est ainsi que Gustave Violet, un matin vint à Thuir voir mon travail. Il réussit à convaincre mon père de me laisser aller travailler avec lui pendant deux mois, à l’essai.
Six mois plus tard, à 16 ans, je réalisais avec lui une sculpture de 17 mètres de long avec 34 personnages, commande de la ville de Toulouse.
La commande de la ville de Toulouse réalisée avec Gustave VIOLET en 1930
Je restai deux ans avec le maître Gustave Violet.
Puis un avocat de Paris me commanda son buste. Il fut exposé avec quelques autres pièces dans une galerie de Perpignan.
En échange du Buste, l’avocat m’offrit un voyage à Paris. Je restai quelques semaines. Me sentant vieillir prématurément dans cette grande ville, je repartis dans mon village natal. Je me rendis compte que je n’avais rien vu.
J’avais 18 ans.
Je repartis pour Paris à l’aventure. Je ne mangeais pas tous les jours, et en bon catalan, je jouais au Rugby et rencontrai le directeur du Club de rugby parisien qui m’invita régulièrement à sa table.
C’était la crise.
Pas de travail… rien.
Je me décidai à aller à Marly le Roi voir Aristide Maillol. Il me reçut chaleureusement et me reprocha d’avoir tant tardé à lui rendre visite. Il me dit qu’il avait besoin de moi pour monter certaines figures.
Aristide MAILLOL photographié par Marcel GILI
Judith Clavel, préparant son livre sur le maître était présente.
A ce moment là, je faisais partie d’un groupe qui se proposait de faire une “révolution plastique” : L’Art Mural.
Finis les tableaux de chevalets, les sculptures de jardin :
La sculpture devait faire bloc avec le mur !
On se réunissait dans une péniche amarrée au pont
du Carrousel.
Le 1er salon “d’Art Mural” eut lieu en 1935, rue de la Boétie sous l'égide du peintre Saint-Maur (1906-1979) membre fondateur de l'association artistique d'Art Mural. Il y avait là Robert Delaunay, Henri Laurens, Ossip Zadkine, Fernand Leger, Albert Gleizes, Jean Cassou, Raoul Dufy, Auguste Perret, Max Jacob, Le Corbusier… leur amitié me réconforta.
L’influence de Laurens me fortifia.
Un jour, ma mère, venue à Paris, regardant une de mes sculptures, y vit un canard alors que c'était un nu féminin.
Je décidai de détruire immédiatement cette incompréhension : je cassai tout le travail de cette “époque Laurens”, et je fis une sculpture comme je le sentais.
Je débutai une époque “Athlètes”. Cette série se vendait comme des petits pains à la galerie de la grande marchande d’art Jeanne Castel avenue Matignon. Je mis fin à cette époque par la réalisation d’un dernier athlète pour Thuir, ma ville natale.
Marcel GILI présente l'Athlète à Thuir sa ville natale
Ensuite je retirai toutes mes pièces des galeries, renonçant à une certaine gloire assurée au bénéfice de ma liberté d’expression et de mes recherches personnelles sur la forme.
Je partis à Bourges où l’on m’avait demandé depuis un an d’enseigner la sculpture à l’école des Beaux Arts, je me suis encore une fois remis en question. Les discussions sur l’art mural me revenaient toujours à l’esprit, me poussant à approfondir mon moyen d’expression. J’avoue que je me demandais si je serais capable d’enseigner.
Un jour, je dis à un groupe d'étudiants que je n'envisageais pas l'approche de l'art sans dimension poétique. Je les entendis me répondre : "mais Monsieur, la poésie ne nous fait pas peur". J'étais conquis et je n'aurais jamais quitté l'école des Beaux Arts de Bourges si, en 1969 on ne m'avait pas nommé à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.
Là, je créai un atelier de dessin trés particulier en ce sens où le dessin ne pouvait être dissocié ni de la couleur, ni de la forme. Lors d'une visite du directeur, il me demanda la différence entre mon atelier de dessin et les autres. Je lui dis que je ne voulais répondre à cette question mais que je pouvais lui dire en quoi le dessin était essentiel. En effet le contour n'est pas un profil mais la limite d'un continent et lorsque l'on pénètre dans ce continent, c'est la couleur qui prend le relais pour exprimer la Forme.
Evidemment mon enseignement avait beaucoup de succès auprès des étudiants parce que je leur offris une liberté d'expression qu'ils ne trouvaient pas ailleurs. J'ai toujours considéré l'étudiant comme un monde personnel qu'il fallait simplement aider à se révéler à lui-même, en s'appuyant sur les données essentielles propres à ce moyen d'expression.
Marcel Gili
MARCEL GILI
Né le 12 février 1914
à Thuir (Roussillon).
Chevalier de la Légion d’Honneur
Médaille des Évadés
Chevalier des Arts et des Lettres
Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques
Entre à 16 ans dans l’atelier de Gustave Violet à Perpignan.
Parrainage d’Aristide Maillol.
Première exposition en 1932 à 18 ans chez Campistro (Perpignan).
À 22 ans participe au 1er Salon d’Art Mural où il rencontre Delaunay, Laurens, Zadkine, Max Jacob, Dufy, Léger, Auguste Perret, Jean Cassou, Gleizes, Le Corbusier…
1936 à 1938
• Galerie Jeanne Castel à Paris
1948
• Art Français Contemporain à Rio De Janeiro
• Biennale de Venise à Venise
• Salon La Jeune Sculpture
1949-1950
• Casa de Velazquez 19 ème promotion artistique à Madrid
1951
• Art Français à Tokyo
1952
• Sculpture Française à la galerie du séminaire à Bruxelles
• Maison de la Pensée Française à Paris
1953 & 1955
• Biennale de sculpture en plein-air à Anvers
1953
• Sculpture Contemporaine Française en Allemagne
• Art Sacré Français à Paris
1954
• Art Sacré Français à Berlin
• Triennale de Milan
• Galerie Simone Badinier à Paris
• Exposition Particulière au Musée des Arts Décoratifs,
• Pavillon de Marsan à Paris
• Exposition Internationnale d’esthétique industrielle à Paris
1955
• Art Français à Vienne
• Exposition organisée par le ministère des Beaux Arts de Suède
1957
• Sculpture Française, Musée Rodin à Paris
1958 & 1959
• Sculpture internationale à Arnhem au Pays-Bas
Mai 1960
• Débat entre Marcel Gili & André Bloc sur le thème de l’aspect de la sculpture contemporaine, salle de Géographie Bd St Germain à Paris (Texte du débat publié dans les Lettres Françaises).
1960
• Galerie Nombre d’Or à Paris
1962 & 1963
• Exposition internationale à Tokyo au Japon
1964
• Arts Graphiques Français à Berlin
1966
• Galerie Simone Badinier à Paris
• Arts Graphiques français à Berlin
• Impact I au Musée d'art Moderne de Céret
1967
• Maison de la Culture de Bourges
• Salon de Mai à La Havane, Cuba
1971
• Brétigny
• Maison de la Culture de Caen
• Galerie de l’Ours à Bourges
• Galerie de Paris à Paris
• Mercedes Benz à Paris
1972
• Maison de la Culture d’Orléans
• Sculpture pour un film de Laurent Perrier :
“Meurtre pour un Meurtre”
• Galerie Sanguine à Collioure
• Centre Culturel d’Argenteuil
• St Germain en Laye
• Brest
• Montmirail
• Académie des Beaux-Arts de Paris
1973
• Galerie de l’Ours à Bourges
• Galerie de la Main de Fer à Perpignan
1974
• Musée Fabre à Montpellier
• Regard sur Georges-Emmanuel Clancier au Musée d’art Moderne de Ceret
• RFA
• Saint-Ouen
• Ecole Centrale à Paris
1975
• Institut de l’environnement à Paris
• Brest
• Galerie Simone Badinier à Paris
• Maison de la Culture de Caen
• Villeneuve de la Rivière
• Galerie de la Main de Fer à Perpignan
1976
• Galerie Chappe Lautier à Toulouse
• Billon au Puy de Dôme
• Galerie d’Art de l’Est à Mulhouse
1977
• Hommage à Goldmann à la Maison de la Culture de Bourges
• Caen
• Mostra Del Larzac
• Galerie Donatello à Paris
• Musée d’Art Contemporain de Céret
1978
• Hotel Rotschild - Collection Maitre Rey - Paris
• St Remy-des-Chevreuses
• Balcon des Arts à Paris
• Clermont-Ferrand
1979
• Maison de la Culture de Brest
• Moscou - URSS
• Galerie Ora à Athènes en Grèce
• Galerie Soligo à Rome en Italie
1980
• Maison de la Culture de Bourg-en-Bresse
• Chambre de Commerce de Paris
1982
• Centre Culturel de Besançon
1984
• Centre Culturel de la Villedieu à St Quentin en Yvelines
• Centre d’Art Contemporain de Jouy sur Eure
• Galerie d’Art Contemporain à Paris
• Chateau de la Roche sur Guyon
• Musée Carnavalet à Paris
• Ecole des Beaux Arts de Clermont-Ferrand
• Galerie Franka Berndt à Paris
1985
• Exposition itinérante :
L’Art Contemporain (Dunkerque, Chateauroux, Montbeliard, Besançon)
• I.N.S.C.I.R. Mont St Aignan à Rouen
• CFDT à Paris
• Musée Bourdelle à Paris
• Oissel
• Galerie d’Art Contemporain à Paris
1986
• Biennale Européenne de Sculpture de Jouy sur Eure
1987
• Galerie Françoise Courtiade à Toulouse
• Château Royal à Collioure
• Château de Mazin à St Eloi les Tuileries
• Galerie Dimensio à Paris
1988
• Salon International des Musées au Grand Palais à Paris
• Espace Belleville à Paris
1989
• AGF à Paris
• Rétrospective Ecole Nationale Supérieur des Beaux-Arts de Paris
• Galerie Jacqueline Felman à Paris
• Belleville/Ménilmontant à Paris
• Galerie Patrick Riquelme à Vannes
1990
• Biennale de la Sculpture Contemporraine à Collioure
• Galerie Patrick Riquelme à Vannes
• Galerie Françoise Courtiade à Toulouse
1991
• Exposition “Le rugby” à Mont de Marsan
• Galerie Patrick Riquelme à Vannes
1992
Galerie Patrick Riquelme à Vannes
1993
Galerie de l’Ours à Bourges
Membre fondateur du Salon de Mai en 1943
Depuis 1945, chaque année, participation au Salon de Mai.
Membre fondateur du Salon de la Jeune Sculpture
Participation au Salon Réalités Nouvelles